Crise des vocations, difficulté de recrutement, départs… Le SOS des professionnels du social
Les professionnels du social font face à une crise des vocations et à une pénurie de bras. Parmi ceux qui travaillent, certains partent, fatigués des conditions de travail, du salaire, et du manque de reconnaissance social.
Journal OUEST France - Publié le 11 octobre 2021
Crise des vocations, grande difficulté de recrutement, multiplication des départs… La situation est critique, alertent les professionnels du travail social. 71 % des établissements du secteur sanitaire, social et médico-social privé à but non lucratif rencontrent des difficultés de recrutement et plus de 65 000 postes demeurent non pourvus, selon une étude réalisée en 2020 pour l’employeur Nexem.
Manque d’effectifs
Certaines écoles n’ont pas assez d’élèves pour remplir leurs promotions. C’est par exemple le cas de certaines formations proposées par l’association régionale pour l’institut de formation en travail social (Arifts), basée à Rezé (Loire-Atlantique) et Angers (Maine-et-Loire).
D’autres, comme l’Institut régional du travail social (IRTS) d’Hérouville-Saint-Clair, près de Caen (Calvados), ont eu suffisamment de candidatures. Pourtant, ces dernières sont de moins en moins nombreuses. Il y a vingt ans, l’institut normand comptait 1 000 candidats à la formation d’éducateur spécialisé, pour 60 places, contre 390 cette année. C’est que le travail social a mauvaise presse et est méconnu, évalue la communication de l’établissement.
Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité. | REUTERS
« Le précaire va accompagner le précaire »
Derrière, les employeurs du secteur peinent à embaucher. « C ’est extrêmement inquiétant pour la suite, au vu des besoins sociaux dans le pays. On se demande comment on va faire collectivement. Parfois, des associations sont obligées d’abandonner certains projets », s’alarme le président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Pascal Brice.
En résumé, « l es problèmes de fond sont : la rémunération, la valorisation sociale et les conditions d’exercice du métier ». Le Ségur de la santé est aussi passé par là : Les travailleurs sociaux ont été exclus des revalorisations salariales, analyse-t-il, ça a provoqué un choc dans le secteur. »
Un salaire qui n’évolue pas
Isabelle Buisson, assistante sociale depuis dix ans et membre du syndicat Sud santé sociaux de Loire-Atlantique, gagne 1 600 € nets par mois. Un salaire qui « n’évoluera plus jamais » de sa carrière. D’autres commencent à 1 200 €, précise-t-elle. « Il y a des personnes que j’accompagne qui ont un salaire supérieur au mien. Des collègues, à Paris, dorment dans leur voiture. »
Johann Benoist, moniteur éducateur depuis 1998, également syndiqué, opine du chef. « Ce métier n’est pas uniquement une vocation. Si on le fait, c’est parce qu’on a de l’empathie. Mais nous n’avons pas envie de nous retrouver nous-mêmes dans une situation de précarité. Bientôt, c’est le précaire qui va accompagner le précaire. » Il ajoute : « On ne demande pas 3 000 €, mais à travailler dans la dignité, avec un reste à vivre. »
« Les personnes partent pour une raison éthique »
« On a aussi du mal à garder les gens », avertit Johann Benoist. Le directeur de l’association Saint-Benoît Labre, Gilles Ducassé, acquiesce : « Il y a de plus en plus de turn-over. » Là où il avait l’habitude de recevoir cinq candidatures pour un poste, il en compte aujourd’hui une ou deux. « On a de plus en plus recours à l’intérim. » Si Johann Benoist apprécie l’aide, il signale : Ça ne permet pas d’accompagner les personnes sur du long terme.
Il s’insurge des budgets serrés, qui font qu’il « n’est plus possible d’accompagner dignement les personnes ». « La dignité a un coût, mais la dignité n’a pas de prix », dit-il. Pour Isabelle Buisson, « les gens quittent le travail social pour des raisons éthiques : les pressions économiques, le rendement, s’entrechoquent avec la déontologie ».
« Les personnes partent pour une raison éthique »
« On a aussi du mal à garder les gens », avertit Johann Benoist. Le directeur de l’association Saint-Benoît Labre, Gilles Ducassé, acquiesce : « Il y a de plus en plus de turn-over. » Là où il avait l’habitude de recevoir cinq candidatures pour un poste, il en compte aujourd’hui une ou deux. « On a de plus en plus recours à l’intérim. » Si Johann Benoist apprécie l’aide, il signale : Ça ne permet pas d’accompagner les personnes sur du long terme.
Il s’insurge des budgets serrés, qui font qu’il « n’est plus possible d’accompagner dignement les personnes ». « La dignité a un coût, mais la dignité n’a pas de prix », dit-il. Pour Isabelle Buisson, « les gens quittent le travail social pour des raisons éthiques : les pressions économiques, le rendement, s’entrechoquent avec la déontologie ».
Un risque de non-assistance à personne en danger
En attendant, selon le président de la FAS, il faudrait, entre autres, s’attarder sur la revalorisation salariale, redonner des moyens, ou encore promouvoir les différents métiers.
Lors d’une conférence de presse, mercredi 6 octobre, Patrick Doutreligne, président de l’Uniopss (représentant environ 25 000 établissements des secteurs sanitaire, social et médico-social), prévenait : « Si on ne résout pas le problème de l’attractivité des métiers, l’étape suivante ce sera la non-assistance à personne en danger : faute de personnel, nous allons renvoyer des personnes vulnérables hors des établissements. »
Pétition : TSL apporte son soutien à toutes les grèves des travailleurs sociaux prévu en 2022 et nous exigeons du gouvernement, des décideurs politiques, de meilleures conditions de travail, la revalorisations des diplômes et l'augmentation des salaires.
Source:https://www.ouest-france.fr/economie/social/crise-des-vocations-difficulte-de-recrutement-departs-le-sos-des-professionnels-du-social-e0a5bcc0-2679-11ec-b8e1-a5d0cfbb7050
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