Les travailleurs sociaux libres

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DEASS : Rapport d'enquête qualitative 2012

 

Voici un petit résumé de cette enquête sur le DEASS, réalisé en 2012 par le cabinet GESTE suite à une commande du ministère des Affaires Sociales et de la Santé. Nous vous conseillons de prendre connaissance de ce rapport d'enquête détaillé (65 pages). Cliquez içi

L’évolution du travail social et plus particulièrement des assistants de service social est en effet marquée par l’extension et l’intrication des problématiques sociales. En plus des questions sociales, les assistants de service social sont engagés dans la mise en œuvre de politiques sociales conçues pour répondre aux effets de la précarité économique, sanitaire, psychologique. Certaines orientées vers la prévention des risques sociaux et sanitaires, d’autres fondées sur l’urgence sociale et l’accueil sans conditions, leur mise en œuvre nécessite dans tous les cas de tenir compte de la singularité des demandeurs, de leurs ressources propres, de celles des territoires et des partenaires. Autant de caractéristiques qui, en étendant le champ d’intervention des professionnels, en affinant les méthodes et les outils de la coopération, diversifie les métiers exercés, leur donne de la valeur et appellent de nouvelles compétences chez les professionnels.

 

Cependant, la réingénierie produit ses effets dans un environnement où le métier d’assistant de service social subit une nette perte d’attractivité. La voie d’ASS est moins qu’auparavant le premier choix d’études, avec parfois des parcours d’études ou d’insertion professionnelle chaotiques et une représentation faussée du métier. Et les employeurs font état d’une usure professionnelle plus rapide qu’auparavant, génératrice de demandes de bilans professionnels et de réorientations internes. Les conseils généraux notamment, mettent en relation cette baisse d’attractivité avec un cursus d’études qui ne prépare pas toujours correctement au métier.

 

L’accueil et les prestations qu’assurent les assistants de service social sont en effet très larges. Ils doivent entendre toutes les problématiques et les demandes de personnes qui les sollicitent de plus en plus souvent dans un esprit revendicatif. S’ils n’ont pas la capacité à présenter les dispositifs, à maîtriser la connaissance sur leur fonctionnement, l’agressivité apparaît. Lorsqu’ils accueillent en file active des  populations aux précarités multiples et interdépendantes, dont ils n’assurent ni l’accompagnement, ni le suivi, ils ne voient que rarement les effets de leur intervention. Et dans certaines activités, comme la polyvalence de secteur ou l’action sociale des CCAS, la gestion de dispositifs, l’octroi de mesures : (RSA; CMU; FSL; Allocations...) pour lesquelles l’accompagnement social est fréquemment  concédé à des partenaires, leur ôte la partie la plus gratifiante de leurs interventions.

 

Conjugués à la perte de reconnaissance et de statut dont ils font état et à l’absence de revalorisation du diplôme au niveau licence, qu’ils espéraient depuis la réforme, ces éléments participent à une rétractation des candidatures à la formation, d’intensité variable selon les régions, mais constante au cours des dernières années.

 

Les effets de la réingénierie sont ainsi à explorer dans le contexte des profondes modifications qui affectent le travail social en général et celui des assistants de service social en particulier.

 

Le diplôme d’ASS n’a pas vraiment trouvé à se raccorder de façon naturelle à d’autres titres ou diplômes universitaires. Si pour certaines écoles, c’est avec la filière AES que se construit la coopération, d’autres prolongent avec des cursus du CNAM liés à la formation, d’autres encore coopèrent avec des départements de sciences de l’Éducation. Enfin, certains obtiennent des dispenses pour un cursus vers des licences professionnelles ou des masters du domaine management d’organismes sociaux ou médico-sociaux. Mais les jeunes diplômés ASS éprouvent souvent le sentiment d’avoir à repasser des épreuves avec des étudiants moins matures et moins bien formés qu’eux.

 

Le diplôme d’ASS reste bien identifié par les employeurs et selon eux la réforme n’a pas vraiment contribué à en modifier l’image. L’affaire est tout autre pour le grand public et pour les jeunes : le métier comme le diplôme renvoient à des représentations souvent connotées négativement d’assistanat, d’un métier où on s’occupe des «paumés», mais aussi un métier qui contribue à la normalisation. C’est une formation où l’on apprend à «remettre des gens dans le droit chemin», voire de contribuer à une certaine répression de comportements déviants. A cela s’ajoute la difficulté des études, un taux d’échec au diplôme non négligeable et des débouchés qui sont considérés comme modestes en termes de reconnaissance salariale.

 

La réingénierie du diplôme d’ASS a mis du temps à se faire et aux dires des acteurs présents lors de cette réforme, il a été émaillé de conflits, de blocages, puis de phases d’accélération, voire de mise en œuvre précipitée. Mais implicitement un consensus s’était construit autour d’un diplôme exigeant, une formation dense et des épreuves nombreuses et variées. L’espoir de tous était que ceci conduirait à terme à sa reconnaissance au niveau II et à faire de l’ASS une figure centrale du travail social en France. Cet espoir ne s’est pas concrétisé et le diplôme d’ASS se trouve de ce fait décalé par rapport au niveau des emplois auxquels il ouvre. C’est une des raisons de la désaffection progressive par les jeunes pour cette filière.

 

Piste de réflexion pour le DEASS

 

1 : Les ASS forment une profession qui s’est dévalorisée aux yeux du public et de jeunes en particulier, en raison notamment de ses conditions d’exercice (place de plus en plus prépondérante de la gestion répétitive de dossiers et de dispositifs, absence de vrai suivi dans le temps des bénéficiaires...) et de son niveau de reconnaissance salariale.

 

2 : La réforme a contribué à hausser le niveau et à rendre l’obtention du diplôme plus difficile pour une bonne partie des étudiants. Cette difficulté comporte un véritable risque de désaffection.

 

3 : Une réflexion d’ensemble sur le positionnement du diplôme et des emplois auxquels il conduit est donc souhaitable. Il faut vérifier que les exigences de ce diplôme sont toujours comparables avec celles des autres diplômes de niveau III (DEES, DECESF en particulier).

 

4 : Le risque d’échec majeur porte sur le DC1et sur le DPP; il

conviendrait d’en redéfinir les modalités de notation. Pour le DC2 l’ambition du mémoire est peut-être excessive et il faudrait lui restituer son caractère d’écrit professionnel.

 

5 : Plus généralement la progression de l’étudiant, tracé dans le livret de formation ne pèse pas d’un poids suffisant dans la certification, il faut trouver le moyen d’en renforcer l’usage

 

1 : Les ASS forment une profession qui s’est dévalorisée aux yeux du public et de jeunes en particulier, en raison notamment de ses conditions d’exercice (place de plus en plus prépondérante de la gestion répétitive de dossiers et de dispositifs, absence de vrai suivi dans le temps des bénéficiaires...) et de son niveau de reconnaissance salariale.

 

2 : La réforme a contribué à hausser le niveau et à rendre l’obtention du diplôme plus difficile pour une bonne partie des étudiants. Cette difficulté comporte un véritable risque de désaffection.

 

3 : Une réflexion d’ensemble sur le positionnement du diplôme et des emplois auxquels il conduit est donc souhaitable. Il faut vérifier que les exigences de ce diplôme sont toujours comparables avec celles des autres diplômes de niveau III (DEES, DECESF en particulier).

 

4 : Le risque d’échec majeur porte sur le DC1et sur le DPP; il

conviendrait d’en redéfinir les modalités de notation. Pour le DC2 l’ambition du mémoire est peut-être excessive et il faudrait lui restituer son caractère d’écrit professionnel.

 

5 : Plus généralement la progression de l’étudiant, tracé dans le livret de formation ne pèse pas d’un poids suffisant dans la certification, il faut trouver le moyen d’en renforcer l’usage

 

Source :

http://unaforis.eu/actualites/breves/rapport_evaluation_deass

 

Soutenez les travailleurs sociaux dans leurs revendications pour la promotion de leurs métiers et de leurs diplômes. Nous vous remercions pour cette action très importante. Signez la pétition en ligne, cliquez içi



26/04/2013

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