Les travailleurs sociaux libres

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Du Cameroun à la Bretagne : ce jeune migrant a parcouru 9000 km pour… passer le bac

C’est l’histoire d’Ulrich Cabrel, un jeune camerounais qui a quitté son pays pour la France. Du Cameroun au Niger, en passant par la Maroc, Ulrich a connu l’enfer de la route migratoire. Il livre son témoignage dans un livre, intitulé « Boza ! » écrit à deux mains.

 

Du Cameroun à la Bretagne : ce jeune migrant a parcouru 9000 km pour… passer le bac

 

Le roman « Boza ! » retrace donc le périple de 9000 km d'un jeune migrant, du Cameroun à la Bretagne, avec un seul objectif : retourner au lycée et passer le bac.

Une amitié indéfectible est née entre Etienne Longueville et son protégé, Ulrich Cabrel. 

 

Un jeune migrant aujourd’hui scolarisé à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) raconte dans un livre son périple de 9000 km avant d’arriver en Bretagne.

 

« Boza ! », c’est un livre écrit à quatre mains avec Etienne Longueville, bénévole dans une association d’aide aux migrants. C’est aussi le roman d’une vie. Celle d’Ulrich Cabrel, un garçon bravant mille dangers pour… retourner au lycée.

 

Des phrases qui piquent

« Crois-moi, tu n’abandonnes pas les gens que tu aimes par gaieté de cœur. » Des petites phrases qui piquent un peu, il y en a quelques-unes. « Tu t’en doutes, c’est un déchirement, un point de non-retour. Et pourtant, c’est mon destin. »

Mais il y a de l’humour aussi, beaucoup, énormément même. Le lecteur a tour à tour le cœur qui se serre et le sourire aux lèvres. Car le héros de cette histoire a la tchatche, il pétille, les idées fusent à 100 à l’heure, les rêves s’envolent vers les étoiles. En tout cas vers l’Europe et la France.

 

Le roman « Boza ! » retrace le périple de 9000 km d'un jeune migrant, du Cameroun à la Bretagne, avec un seul objectif : retourner au lycée et passer le bac.

« Crois-moi, tu n’abandonnes pas les gens que tu aimes par gaieté de cœur. » Des petites phrases qui piquent un peu, il y en a quelques-unes. « Tu t’en doutes, c’est un déchirement, un point de non-retour. Et pourtant, c’est mon destin. »

Mais il y a de l’humour aussi, beaucoup, énormément même. Le lecteur a tour à tour le cœur qui se serre et le sourire aux lèvres. Car le héros de cette histoire a la tchatche, il pétille, les idées fusent à 100 à l’heure, les rêves s’envolent vers les étoiles. En tout cas vers l’Europe et la France.

 

Brut FR

✔@brutofficiel

 

"Je suis allé au commissariat. Je leur ai dit : “Je viens d’arriver en France. Je sais pas où aller.”

En 2017, Ulrich débarque à Saint-Brieuc après un long périple depuis le Cameroun. Son premier jour en France, voilà comment il l'a vécu.

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Twitter Brut fr : pour voir la vidéo cliquer sur un jeune migrant parcoure 9000 km pour passer le bac

 

« Deux tricots, un pantalon et une bible »

Ulrich avait 15 ans quand il a décidé de quitter un des plus grands bidonvilles d’Afrique, au Cameroun. Les premières pages du bouquin décrivent très bien la réalité crue du quotidien. Mais un foyer reste un foyer, aussi précaire soit-il.

 

Quitter des parents, des frangins, des potes, pour partir sur les routes avec un sac à dos troué, « deux tricots, un pantalon et une bible », il en faut du courage ! Et pourquoi donc ? 

Ma mère me fixe droit dans les yeux. À côté d’elle, mon père baisse la tête. Elle bredouille que c’est la dèche : depuis que mon père a perdu son travail, ils n’ont plus un rond et n’ont pas payé le lycée. Le proviseur nous a accordé du temps, mais l’année scolaire s’achève et le délai est écoulé : je suis exclu. Un monde s’écroule sous mes pieds.

Sauf qu’Ulrich a la bosse des maths. Il est même très doué. C’est le prince des équations. Il veut devenir aéronaute. C’est un bon chanteur aussi, la musique c’est son kiff. Et puis il est sportif du haut de ses 1,79 m, beau gosse avec ses yeux verts, chose rare pour une personne à la peau noire… Les filles l’adorent, il le leur rend bien.

 

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« J’ai peur de mourir cette nuit »

Sauf que pour lui point d’avenir s’il ne retourne pas au lycée. Partir, c’est sa décision. Son entourage l’accepte, comme une fatalité. Tout le monde se cotise, même le petit frère qui fait l’offrande de ses fonds de poche. Le passeur prend cher, trop cher. C’est parti pour 9000 km d’aventures et de galères à travers le Nigéria, le Niger, l’Algérie et le Maroc.

Je suis sur le marché, debout, en train de regarder la voiture partir et je prends conscience que je suis tout seul au milieu de nulle part. Je tremble, j’ai envie de pleurer, j’ai peur de mourir cette nuit.

De déserts en ghettos, de braqueurs en flics ripoux, sans le sou, sans filtre, les pages décrivent un passage initiatique qu’aucun journal télévisé ne raconte jamais. On devine de splendides paysages, on s’émeut de belles rencontres providentielles, d’amitiés fugaces. On voyage, on s’émerveille, on a peur, on vibre avec lui.

J’ai compris une chose : la mort n’est rien d’autre que le résumé de toute notre vie. Mais pour l’instant, je suis toujours vivant.

 

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« Bricolage citoyen »

Treize mois, c’est ce qu’il a fallu à Ulrich pour réaliser son périple. C’est là qu’entre en scène Etienne Longueville, qui choisit de l’héberger.

Pourquoi on fait ça ? On se dit qu’il y a un jeune qui est dehors et qu’on a un canapé qui ne sert à rien. Ouvrir sa porte pour qu’il ne dorme pas dehors, c’est très concret.

Ulrich navigue entre plusieurs familles d’accueil. Les membres d’un collectif d’aide aux jeunes migrants se relayent. « C’était un peu du bricolage, mais un bricolage qui a fonctionné, du bricolage citoyen », résume Etienne. Ulrich est aujourd’hui en terminal S au lycée Freyssinet à Saint-Brieuc.

 

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Un lien particulier unit désormais celui qui n’est déjà plus un gamin et celui qui est encore un jeune homme. « Etienne et moi, c’est une famille ! » À 32 ans, Etienne Longueville est fonctionnaire à Saint-Brieuc où il est arrivé en 2013 après avoir grandi dans le sud de la région parisienne. Ouvrir sa porte à Ulrich a eu un effet imprévu : « Ça m’a beaucoup apporté. En fait, ça m’a permis de m’intégrer sur le territoire. »

 

« On a immortalisé ma route »

Puis est venue l’idée du livre. « Ulrich me racontait son histoire. C’était drôle, c’était vivant. Il y a des scènes terribles, tragiques, parfois c’est vraiment violent. Mais souvent je me suis marré en l’écoutant », explique Etienne.

J’ai eu envie de partager ça. On entend des chiffres aux infos mais la vraie histoire on ne la connaît pas.

Les deux hommes ont opté pour la forme du roman. « Dans un récit, on est trop prisonnier de l’exactitude des faits, des lieux, des dates… Je voulais privilégier la vérité des sentiments et des émotions », explique Etienne. « Mais tout est vrai, rien n’a été inventé. »

Inutile de dire la fierté d’Ulrich :

Ça fait du bien. On a immortalisé ma route. On a rendu hommage à mes amis, dont certains sont morts. Mes enfants, mes petits-enfants connaîtront cette histoire.

Les larmes de Clara Luciani chez Ruquier

Son témoignage a bouleversé l’équipe de Laurent Ruquier, dans l’émission « On n’est pas couché » sur France 2, samedi 8 février 2020. La chanteuse Clara Luciani n’a pu retenir ses larmes

 

 

Ulrich Cabrel et Etienne Longueville, « Boza ! », aux éditions Philippe Rey, 384 pages, 19,50 €.

 

Par Yann André

 

Source : https://actu.fr/bretagne/saint-brieuc_22278/bretagne-parcouru-9000-km-passer-bac_31298115.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR1GMwH5m_Vmb2ZbwcgWgjXekvYOXMHjASsJkPbCOwsu_chLYMzJ_FqK1OY#Echobox=1581362074

 



11/02/2020

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