Les travailleurs sociaux libres

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Modernisation territoriale : l'inquiétude des travailleurs sociaux de la Réunion

Modernisation territoriale : l'inquiétude des travailleurs sociaux

 

A l'île de la Réunion, les travailleurs sociaux inquiets expriment leur mécontentement.

 

La Présidente du Conseil général de la Réunion, Nassimah Dindar, signe un partenariat avec Saint-André, Saint-leu et Saint-Paul

 

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Le conseil général a signé ses premiers partenariats de proximité (photo LYL)

 

La Présidente du Conseil général de la Réunion, Nassimah Dindar, signe un partenariat avec Saint-André, Saint-leu et Saint-Paul

 

"C'est une première mais pas une dernière". La petite phrase du député-maire de Saint-Leu Thierry Robert est-elle la traduction d'un accord Virapoullé-Robert-Nassimah Dindar pour les prochaines échéances électorales ? L’avenir nous le dira mais difficile de placer sous le signe du simple hasard la signature de "Partenariat de proximité de l’action sociale" entre la présidente du conseil général et les communes de Saint-André, Saint-Leu et Saint-Paul.

 

Pour le collectif TSL, nous disons "pourquoi pas ?"

 

Mais à la condition que les moyens soient à la hauteur des exigences et des responsabilités toujours plus grandes auxquelles les travailleurs sociaux doivent répondre. Les travailleurs sociaux de la Réunion font un travail extraordinaire en faveur de la population dans des conditions de travail très difficile. Les travailleurs sociaux ne sont pas des agents comme les autres, se sont eux qui accueillent et qui doivent trouver des réponses aux problématiques de la population, gérer la détresse et la précarité des publics et parfois leurs agressivités. Les travailleurs sociaux ne sont pas des agents de sécurité ni des policiers. Cependant, les professionnels du travail social se sentent méprisés par leurs dirigeants politiques et par leurs hiérarchies. Ce mépris est-il dû à la non reconnaissance des qualifications et des métiers des travailleurs sociaux ? Les travailleurs sociaux sont attachés à leurs métiers, mais ils déplorent une perte de sens, cliquer içi

 

Pour rappel : la formation des travailleurs sociaux (assistante sociale, éducateur spécialisé, conseiller en économie sociale et familiale, éducateur de jeunes enfants, éducateur technique spécialisé, animateur DEFA) sont de niveau Master universitaire, ces métiers hautement qualifiés ne sont toujours pas reconnus par le gouvernement à la hauteur de leur niveau de qualification et de compétence.

 

Le même problème se pose pour la reconnaissance statutaire, qui doit se traduire par le passage en catégorie A des travailleurs sociaux de la fonction publique cité ci-dessus, avec l'intégration dans le grade des attachés suite à l'obtention du niveau bac+3 (180 ECST) par arrêtes du gouvernement en 2011, sous la présidence de l'ex président de la république, Nicolas Sarkozy, et où les TSL ont joué un rôle majeur dans cette reconnaissance du niveau bac+3.

 

Le passage en catégorie A permettra aux travailleurs sociaux du secteur privé (AS, ES, CESF, EJE, ETS) d'obtenir le statut cadre ainsi que le niveau 6 pour les travailleurs sociaux des organismes de sécurité sociale. En effet, pour rappel, les TSL sont à l'origine du mouvement de contestation nationale, et sont à l'initiative de la première grève nationale de 2011 avec le soutien de l'ensemble des organisations syndicales pour la reconnaissance des qualifications et des métiers. Les TSL restent vigilants et continuent leur travail de pression médiatique et politique pour faire aboutir avec succès les revendications pour la valorisation des qualifications et des métiers en travail social, du niveau CAP au niveau Ingénieur et Doctoral.

 

Cependant, les travailleurs sociaux de la fonction publique et du secteur privé doivent impérativement rester mobilisés pour que l'ensemble des revendications aboutissent. Le collectif national TSL à lui seul n'est pas en mesure d'agir efficacement. La force et l'impact que nous avons auprès des pouvoirs publics et des dirigeants politiques résident dans notre volonté, nos actions justes et légitimes de défendre les droits des travailleurs sociaux bafoués, et dans notre croyance commune que l'injustice que subissent les travailleurs sociaux déqualifiés depuis 40 ans doit s'arrêter.

 

Le collectif national TSL c'est vous tous, "travailleurs sociaux de France et des DOM-TOM, d'Europe et d'ailleurs..." TSL est pris aux sérieux et écouté au niveau national, et c'est grâce à votre confiance de l'espoir que nous portons que nous réussirons ensemble. 

 

Nous disons STOP aux mépris car sans les travailleurs sociaux à l'échelle nationale pour prendre en charge la population en détresse dans le cadre d'un accompagnement social de qualité, se serait la paralysie de tous les service sociaux et médicaux sociaux dans les administrations et le secteur associatif. A l'échelle nationale cela représente environ 17 millions de personne en situation de détresse et de précarité qui ne seraient pas pris en charge par les travailleurs sociaux. A l'île de la Réunion il y a 860 000 habitants dont 500 000 sont bénéficiaires des minimas sociaux,  et qui sont accompagnés par les travailleurs sociaux.

 

Travailleurs sociaux ne doutez pas de votre force et de votre capacité d'agir. Privilégiez la solidarité professionnelle dans l'action et méfiez vous de la division. C'est parce que vous êtes hautement qualifiés et compétents, forts et nombreux (4 millions) que vous faites peur aux dirigeants politiques et au gouvernement. Vous subirez des pressions et des intimidations dont l'objectif est de vous diviser. Le collectif TSL vous soutient, exigez le respect et la reconnaissance de vos droits...

 

Sur l'île de la Réunion, les professionnels en travail social et les étudiants sociaux sont malmenés et peu pris en considération. Ils sont inconsidérés et leurs conditions de travail ne s'améliorent pas, bien au contraire !

 

Exemple : Dans les Maisons Départementales du Conseil général, ancienne appellation GUT (groupement d'unité territoriale), il y a deux catégories de travailleurs sociaux :

- ceux qui travaillent sur la base des 39h00 hebdomadaires et qui bénéficient de 21 jours de RTT (récupération du temps de travail), ce que nous ne remettons pas en cause car les RTT sont légitimes et justifiés au regard des contraintes professionnelles auxquelles doivent faire face quotidiennement ces professionnels,

- les "autres travailleurs sociaux" qui travaillent sur la base de 35h00, décision imposée par la collectivité, sans RTT bien-entendu.

Ces travailleurs sociaux font pourtant le même travail, ont les mêmes missions, les mêmes contraintes professionnelles, et pourtant ont leur refuse les RTT. La charge de travail de tous ces travailleurs sociaux est telle, que bon nombre de ces professionnels sont en souffrance (burn-out et arrêt de travail sont au menu de ces travailleurs sociaux).

 

Nous militons pour les 39h00 et le droit aux RTT, car systématiquement les travailleurs sociaux dépassent leurs horaires de travail. Les RTT forment une sorte de bouée de secours, leur permettant de souffler de temps en temps, malgré que cela reste insuffisant.

 

Par ailleurs, en sous effectif, la collectivité ne parvient pas à recruter sur certaines Maisons départementales; en effet, la charge de travail est telle, qu'ils n'ont plus le temps de faire correctement les suites de permanences (démarches administratives, écrits professionnelles, contact téléphonique, rapport, évaluation etc). Seules les jeunes diplômés acceptent les contrats en méconnaissance de ce qui les attends.

Ils se surnomment "les guichetiers" car ils sont tous les jours à recevoir le public en permanence sans pouvoir traiter convenablement les suites. Que l'on ne s'étonne pas de retrouver des commentaires des usagers mécontents sur la radio FREEDOM et les revendications des travailleurs sociaux sur cette même radio et dans la presse réunionnaise.

 

De plus, le conseil général leur rajoutent régulièrement des prérogatives. Ainsi les FAJ (fonds d'aides aux jeunes) qui étaient pris en charge par les missions locales se retrouvent dans le girond des travailleurs sociaux du conseil général.

Leur charge de travail est en augmentation constante, les responsabilités se rajoutent au fur et à mesure des nouvelles directives des politiques publiques et sociales, qui se déclinent au niveau départementales. Et c'est aux travailleurs sociaux que revient d'appliquer ces nouvelles politiques, mais les salaires déjà très bas, n'augmentent pas et les promotions et les carrières sont bloquées. Comment peut-on travailler dans des conditions aussi déplorables et difficiles ?

Comment peut-on exiger des travailleurs sociaux de prendre en charge autant de responsabilités sans que rien ne soit fait pour améliorer leurs conditions de travail ? les travailleurs sociaux ne demandent pas grand chose, qu'ils puissent travailler dans des conditions qui respectent la dignité humaine, avec des salaires décents, des facilités pour la mobilité, Loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale,  et la promotion professionnelle dans leur carrière, cliquer içi

 

Les travailleurs sociaux avec leurs organisations syndicales réfléchissent à une action de grève généralisée dans tous les services sociaux, si rien n'est fait pour améliorer leurs conditions de travail.

 

Dans les autres collectivités de l'île de la Réunion (Mairie, CCAS etc), et dans certaines associations, les travailleurs sociaux rencontrent et subissent les mêmes difficultés, mépris, humiliation, surmenage,  salaire au rabais... Il faut que tous cela cesse.

 

Tous ces travailleurs sociaux sont exemplaires, ils sont confrontés à la complexité des situations de plus en plus dramatique et à l’accumulation des problématiques de la population. Il est fondamental que de bonnes conditions de travail soient réunies, afin de permettre aux travailleurs sociaux d'accomplir avec qualité leur mission de prévention, d'écoute, d'évaluation, d'orientation et d'accompagnement socio-éducatif pour les habitants de cette île. Les travailleurs sociaux de la Réunion sont très inquiets et leur mécontentement va grandissant.

 

Le collectif TSL sait que la présidente du conseil général de la Réunion ainsi que les élus et dirigeants politiques de cette île portent une attention particulière à l'action sanitaire et sociale et sont soucieux des difficultés que rencontrent les travailleurs sociaux, et qu'ils apporteront des réponses concrètes, adaptées et satisfaisantes. Nous rappelons que les travailleurs sociaux sont des acteurs indispensables dans la politique de cohésion sociale, et que c'est par l’envie qu’ils ont de vivre et de construire ensemble une société plus juste et prospère, qui rayonnera de leur confiance dans l'avenir au profit du peuple.

 

Patrick Guichard, fondateur et responsable national du collectif TSL

 

Voici donc l'intégralité de l'article publié dans le journal de l'île de la Réunion Clicanoo le 21 novembre 2014.

 

SOCIAL :

 

Jean-Paul Virapoullé, Nassimah Dindar, Thierry Robert côte à-côte face à la presse… : l'instant est historique. La scène se déroulait hier après-midi à la Villa du Département. Il était question de la signature du partenariat de proximité en faveur de l’action sociale (PPAS) entre le Département et les communes de Saint-André, Saint-Leu et Saint-Paul.

 

Il s'agit d'une nouvelle gouvernance de l'urgence sociale autour des CCAS "dans le cadre d'un guichet unique et d'une organisation territoriale plus cohérente". Une des mesures du Livre Blanc de l'urgence sociale élaboré par le conseil général et ses partenaires en 2011. Un Livre Blanc qui a, rappelle Nassimah Dindar, "montré clairement les limites du fonctionnement centralisé des politiques sociales. Politiques qui conduisent plus à la gestion des urgences qu'à l'accompagnement ou à la prévention et à des jeux de ping-pong entre les institutions".

 

La présidente du conseil général le déplore encore : "La multiplicité des dispositifs a amené une décohabitation, une désolidarisation familiale et une déconstruction du tissu social et collectif. L’isolement, notamment chez les personnes âgées, est devenu fréquent". Elle souligne qu’au quotidien, les agents doivent "gérer des problèmes de l’urgence sociale" mais pas seulement. "Il y a les loyers impayés, les avis d’expulsion. Ce sont des gens qui ont été en rupture de financement social". Fin de contrat aidé, absence de revenus entre deux demandes d’allocations.. et surtout le labyrinthe administratif pour être soutenu : les épreuves s’enchaînent. "On n’est plus efficace pour rendre les gens plus heureux" .

 

"Pour des services plus efficaces"

 

Le conseil général a fait l’acquisition d’un "logiciel" qui traite, en matière d’aide sociale, les situations par famille. Exemple, si le papa touche l’allocation pour personne handicapée, la maman le RSA et les enfants les allocations familiales : tout le monde est réuni dans un même dossier. "On a commencé la démarche en créant les Maisons Départementales qui regroupent tous les services en un seul lieu". Nassimah Dindar a voulu aller plus loin encore en intégrant la situation sociale réelle et la prise en compte des spécificités et des besoins de chaque commune. "Pour ce faire, une démarche novatrice de service public appelée Partenariat de proximité de l’action sociale - PPAS - est mise en place pour offrir une vision partagée du Département et des communes en charge de l’action sociale de proximité". Les PPAS s’appuient sur une mutualisation des acteurs et des moyens et amélioreront le service à la population.

 

Le conseil général a lancé un appel à toutes les communes. "Saint-André, Saint-Leu et Saint-Paul ont été les premiers à répondre", affirme encore Nassimah Dindar le plus sérieusement du monde. Jean-Paul Virapoullé, le maire de Saint-André, se félicite d’une telle démarche. "Agir seul n’est pas une bonne méthode dans l’action publique. Il s’agit d’une nouvelle ingénierie sociale pour anticiper sur la détresse".

 

Au-delà de la vision politique, il y voit "une nouvelle direction" : l’humanisation du traitement de la détresse sociale. La Maison de la Vanille rue de la Gare abritera la Maison départementale de Saint-André . "Ce sera véritablement un centre logistique. Nous allons passer d’une politique subie, coup par coup, à une politique maîtrisée", indique Jean-Paul Virapoullé. Une satisfaction que partage le député-maire de Saint-Leu, Thierry Robert. "Arriver à se coordonner pour répondre à la détresse, c’est formidable. Le fait de mutualiser nos moyens rendront les services plus efficaces (…) Gouverner, c’est prévoir. Là, on prévoit et on anticipe".

 

La proximité sera le maître-mot. Et ce n’est pas pour déplaire à Audrey Fontaine, représentant la commune de Saint-Paul. "Cet outil permettra d’être plus efficace", déclare-t-elle, satisfaite.

Saint-Benoît devrait signer prochainement ce partenariat de proximité avec le Département. Au total, une dizaine de chartes sont en négociation.

Juliane Ponin-Ballom

 

Source : http://www.clicanoo.re/449750-nassimah-dindar-signe-un-partenariat-social-avec-saint-andre-saint-leu-et-saint-paul.html

 

Pour soutenir les revendications des travailleurs sociaux (conditions de travail, valorisation des métiers et des qualifications etc) merci de signer la pétition, cliquer içi



23/11/2014

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